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Préhistoire et Antiquité

Les plus anciens témoignages mis au jour dans la Province de Tarragone sont les peintures rupestres d'El Perelló et d’Ulldecona. Dessinés huit millénaires avant nous, ces ensembles recélaient pour nos ancêtres une valeur religieuse quasi magique. Sur le site d’El Perelló, on peut admirer une splendide scène de chasse, illustrée par une chèvre et un cerf poursuivis par un chasseur muni de flèches. Egalement classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO, les œuvres de l’Ermitage de la Pietat d’Ulldecona constituent l’un des ensembles d’art rupestre les plus développés de la péninsule. Au sein de onze abris rocheux du néolithique, des centaines de figures humaines et animales sont mises en scène.   

Dans ces régions, il reste de nombreuses traces de l'époque romaine. Jadis, la Via Augusta traversait les Terres de l'Ebre, laissant des vestiges le long de cette voie historique. De l’époque de la colonisation romaine, les meilleurs témoignages se concentrent autour de Tarraco. Un grand nombre des vestiges révélés par la future Tarragone sont exposés dans le Museu Arqueológic de Tarragona.

Art sacré

L’influence médiévale, en particulier romane, marque le paysage depuis des siècles. Dans les édifices religieux ou dans les musées, un patrimoine religieux en parfait état de conservation témoigne de l’expansion du christianisme.

Construite sur un ancien temple romain dédié à Auguste et une mosquée arabe, la Catedral de Tarragona a été érigée sur les hauteurs de la ville au XIIe siècle. Son architecture combine les influences romanes et gothiques.  Sa façade, caractérisée par son portail, ses neuf apôtres sculptés par le maître Bartolomé en 1278, et sa rosace gothique, est aujourd’hui l’un des emblèmes de la ville. L’intérieur abrite un foisonnement d’œuvres d’art. Signalons le monumental marbre romain qui se déploie dans l’ancien baptistère réhabilité en 1821. Là, des peintures murales du XIVe siècle représentent les saints patrons, autour de vitraux de la même époque.  Le retable de Saint-Michel Archange, derrière le maître-autel, est l’œuvre de Bernat Martorell (1390-1452), célèbre maître du gothique né à Barcelone. L’influence flamande se ressent dans son travail typique de la Renaissance, qu’il s’agisse de ses enluminures, de ses vitraux, ou de ses huiles sur bois, comme le retable de Saint-Jean dont les panneaux centraux se trouvent au musée diocésain de Tarragone. Le cloître abrite l’un des ensembles sculpturaux les plus exceptionnels de la période romane catalane. La réalisation de ces œuvres d’une richesse iconographique stupéfiante s’est échelonnée entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle. Citons la célèbre procession de rats qui accompagne les obsèques d’un chat. Plusieurs chapelles gothiques ouvrent sur le cloître, telle celle du Corpus Christi (1330), à voir pour ses statues et ses vitraux.  La Vierge du Cloître (XIIIe siècle) fait quant à elle l'objet d'une vénération particulière.

Tout près de la cathédrale, le Musée Biblique de Tarragona, au cœur de la Casa dels Concilis (Maison des Conciles) présente un panorama de la culture judéo-chrétienne. Dans la salle dédiée à l’essor du christianisme, une basilique paléochrétienne a même été reconstituée. L’histoire religieuse se poursuit avec les reproductions de peintures byzantines et médiévales.  

Traversée par l’Ebre, Tortosa constitue un maillon historique de la région. A la fin du Moyen Age, les cultures chrétiennes, musulmanes et juives y coexistaient sans heurts. La ville connaît une période d’effervescence culturelle au XVIe siècle, qui l’impose alors comme le premier centre artistique de la Catalogne. Cette histoire privilégiée se découvre dans les édifices religieux. En premier lieu, la cathédrale de Santa María associée au Musée de Tortosa qui abrite des tableaux, sculptures et manuscrits remontant au XIIe siècle.

Epoque moderne et Noucentisme

La prospérité économique de la fin du XIXe siècle s’accompagne d’un renouveau culturel. Cet élan profite en particulier à la ville de Reus. La bourgeoisie urbaine fait édifier une série de bâtiments et de résidences dans le style de l’époque : le Modernisme, apparenté à l’Art nouveau. La ville propose désormais un parcours thématique, signalé par des plaques. Tortosa propose aussi sa Route moderniste.

Le Noucentisme naît au début du XXe siècle du rejet de plus en plus marqué du modernisme. Par la voix de son théoricien Eugeni d'Ors, le mouvement noucentiste prône un retour aux origines classiques et méditerranéennes des arts. Les artistes Josep Clarà, Josep Obiols, Joaquim Sunyer et Xavier Nogués en sont les principaux porte-parole.

Le début du siècle voit également apparaître les premiers créateurs qui se revendiquent avant-gardistes. Les artistes catalans, du fait de la présence de Picasso à Paris, sont influencés par les artistes parisiens. Les échanges se renforcent lorsque certains peintres (Braque, Grís, Matisse, etc.) viennent s'installer en Catalogne française, à Céret et Collioure, où ils sont rejoints plus tard par Miró et Dalí.

Parmi les enfants prodiges de la Catalogne, le peintre et sculpteur Joan Miró (1893-1983) a laissé une empreinte indélébile dans Barcelone, sa ville natale. En 1911, alors qu'il a 18 ans, il découvre la vie provinciale, plus proche de la nature, dans la commune littorale du Mont-Roig del Camp. La diversité des paysages de la région, alors beaucoup moins peuplée, nourrit le génie créatif de l'artiste, qui gardera toute sa vie une relation étroite avec ce petit village. Dans les années 1920 et 1930, il partage son temps entre Paris et Mont-Roig, au Mas Miró. A partir des années 1940, il y passe tous ses étés. Pour comprendre son œuvre, il convient de visiter la Fondation qui regroupe une ferme, l'atelier de l’artiste et un espace pédagogique. On pourra compléter la visite par le petit Centre Miró dans le bourg de Mont-Roig. Admirateur du modernisme de Gaudí et de l'art primitif catalan, Miró a développé un style très personnel et poétique. L'usage des couleurs primaires et celui des représentations symboliques sont des éléments récurrents de son art. Accordez-vous une parenthèse poétique en vous laissant emporter dans l'univers de Miró où la lune, les oiseaux, la nuit et la femme composent son invitation au rêve.

Même si Pablo Picasso (1881-1973) n'est pas originaire de la Catalogne, son travail est fortement imprégné par sa fréquentation de la région. A l'âge de 17 ans, il part quelque temps en vacances chez un ami dans les Terres de l'Ebre, dans le petit village de Horta Sant Joan, où il trouve une inspiration profonde, sous le signe de la ruralité et de la nature en général.

Salvador Dali (1904-1989) a toujours revendiqué son attachement à ses racines catalanes. Plus ancré sur la Costa Brava, son style surréaliste si singulier reste lié au village de Portlligat, près de Cadaqués et à Figueres.

En 1936, la guerre civile espagnole met un terme au courant avant-gardiste et contraint de nombreux artistes catalans à l'exil. Il faut attendre les années 1950 pour voir renaître le mouvement, de plus en plus teinté de surréalisme et de non-formalisme. Tàpies est le peintre qui symbolise le mieux cette nouvelle expression.

Parcours art contemporain

Une promenade sous le signe de la fraîcheur, du dépaysement et de l’art vous attend dans les Jardins du Prince (Jardins del Príncep) de Tortosa.  Au pied de la forteresse de San Juan, se déploie depuis 1991 ce musée de sculptures en plein air de l’artiste Santiago de Santiago Hernández. Les 24 groupes de sculptures figuratives sont disséminés dans la végétation endémique et tropicale, un peu à la mode romantique.

A Tarragone, on fait rimer friches et street art. De même, les ruelles de la ville sont le lieu d’une exposition géante. Les curiosités artistiques occupent toutes les rues, toutes les portes et surtout, tous les lieux délaissés. Quelques indications pour guider vos explorations ? Du côté de la vieille ville, direction la Plaça dels Sedassos, en partant de la Carrer Rera Sant Domènec. Après un détour par les ruines du cirque romain, on tombe sur la fresque la plus photographiée de la ville : le trompe-l’œil peint sur toute une façade par l’artiste local Carles Arola. Son œuvre, qui fait appel à des techniques traditionnelles comme le clair-obscur, a pour thème le patrimoine architectural de la ville.

Il y a une quinzaine d’années, la Carrer del Comte était à l’abandon, quand la municipalité a décidé d’installer des poteaux métalliques pour délimiter une zone piétonne. Bien vite, les résidents ont pris l’initiative de les peindre en cachette, la nuit. Ce projet devenu peu à peu un événement annuel, est désormais un festival international, le Trobada de Sant Agapito Bis, ou International Pilons Parade. Tous les ans, le premier samedi du mois de juillet, associations et artistes individuels s’expriment sur ces étonnants supports. Les rues parallèles, Carrer d’en Mediona et Carrer Cavallers cachent une multitude de portes et de façades peintes, ainsi qu’une fresque réalisée par un autre enfant du pays, Màrius Masip, sur le thème des jeux pour enfants d’autrefois.

De nombreuses œuvres produites à l’occasion d’un festival d’art urbain organisé en 2011 sont concentrées sur la Plaça de l’Oli.

Passeig de Sant Antoni, à l’angle de la Carrer Portella, une foule de petits personnages grimpant aux murs attendent d’être capturés par votre téléphone  !

A côté de l’église Sant Pere del Serrallo, une fresque illustre des scènes de la vie du quartier, toutes signées Sánchez Abelló et Ruben Aguilar.

Une dernière ? Derrière la Plaça Imperial Tàrraco, une fresque du collectif Cachetejack de plus de 400 m² signale l’Espai Jove Kesse, un espace pour la jeunesse qui met la femme à l’honneur.

Un dernier stop au Museu d'Art Modern Tarragona. Une collection d’artistes locaux, complétée par des archives qui regroupent les lauréats des concours photo depuis les années 1960. Les expositions temporaires invitent à humer les dernières tendances de l’art contemporain de la région.