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La ville de Prizren © MehmetO - Shutterstock.Com.jpg

Généralités

Avec ses 10 887 km², le Kosovo se classe à la 41e place en termes de superficie parmi les cinquante États que compte l’Europe, juste avant les micronations que sont le Luxembourg, Malte ou le Vatican. Toutefois, malgré sa déclaration d’indépendance le 17 février 2008, le Kosovo n’est toujours pas reconnu comme un État souverain par les Nations unies : il appartient toujours en théorie à la Serbie voisine (88 361 km² en incluant le Kosovo) en tant que province autonome du Kosovo-et-Métochie. La forme de cette province ou de ce pays évoque un losange dont chaque angle est orienté vers un point cardinal. On compte ainsi environ 140 km de distance du nord au sud et 120 km d’est en ouest. Situé dans la péninsule des Balkans, 1 600 km au sud-est de Paris, le Kosovo est enclavé entre quatre pays et totalise 744 km de frontières : 380 km avec la Serbie (au nord-ouest, au nord, au nord-est et à l’est), 171 km avec la Macédoine du Nord (au sud-est), 114 km avec l’Albanie (au sud-ouest) et 79 km avec le Monténégro (à l’ouest). Sans débouché maritime, le Kosovo n’est cependant éloigné que de 90 km à vol d’oiseau de la côte albanaise et de la mer Adriatique. La population se répartit entre sept districts : celui de Pristina au nord-est (477 000 habitants en 2011), celui de Prizren au sud (332 000 habitants), celui de Mitrovica au nord (272 000 habitants), celui de Gjakova/Đakovica au sud-ouest (215 000 habitants), celui de Ferizaj/Uroševac au sud-est (186 000 habitants), celui de Gjilan/Gnjilane à l’est (180 000 habitants) et celui de Peja/Peć à l’ouest (174 000 habitants).

Montagnes

Le Kosovo est la cinquième nation la plus montagneuse d’Europe. Constitué à 80 % de montagnes, il affiche une altitude moyenne de 800 m et Pristina est la troisième plus haute capitale du continent à 652 m au-dessus du niveau de la mer. Le relief est particulièrement escarpé sur les pourtours du pays. Le Kosovo est ainsi enserré entre trois massifs. Dans la partie occidentale, les Alpes dinariques, qui longent la mer Adriatique, forment une frontière naturelle avec l’Albanie, le Monténégro et la Serbie. Localement appelées Alpes albanaises ou « monts Maudits » (Bjeshkët e Nemuna/Prokletije), elles possèdent six sommets à plus de 2 500 m d’altitude au Kosovo, dont le point culminant « officiel » du pays, le Gjeravica, qui atteint 2 656 m d’altitude près de la frontière albanaise. On y trouve aussi le canyon de Rugova, près de Peja/Peć, dont les profondes et majestueuses gorges ont été creusées par un ancien glacier. Au sud-est, les monts Šar (Malet e Sharrit/Šar planina) sont partagés avec la Macédoine du Nord et, dans une moindre mesure, avec l’Albanie. Ils comptent seize sommets à plus de 2 500 m d’altitude au Kosovo, parmi lesquels les véritables points culminants du pays, les deux monts Rudoka (2 658 et 2 661 m d’altitude) qui n’ont été identifiés qu’en 2011 et dont l’accès n’est possible qu’à partir de la Macédoine du Nord. Toujours dans les monts Šar, le mont Ljuboten (2 498 m d’altitude) est considéré comme le plus beau sommet du pays, avec sa pointe formant un triangle parfait. Enfin, tout au nord, les monts Kopaonik ont comme sommet le mont de Pančić (2 017 m d’altitude) qui est situé en Serbie, 60 m au nord du Kosovo. Ces trois massifs, difficiles d’accès et peu peuplés abritent une faune et une flore riche et diversifiée. Depuis des siècles, ils sont aussi exploités pour leurs importants gisements miniers. Ainsi, dans les monts Kopaonik, près de Mitrovica, les mines de Trepča disposent aujourd’hui encore des plus grandes réserves d'argent et de zinc en Europe.

Plaines et rivières

En contrebas des trois grands massifs, le Kosovo offre des paysages plus mornes et accueille la vaste majorité de la population. Le centre du pays est en effet constitué de petites montagnes, de collines et de deux grandes plaines. Dans la partie orientale, entre Mitrovica (au nord-ouest) et Ferizaj/Uroševac (au sud-est) et en passant par Pristina, s’étend la plaine de Kosovo. Célèbre pour le grand affrontement qui s’y déroula au Moyen Âge (bataille de Kosovo Polje, en 1389), elle donne son nom actuel au pays. Cette plaine karstique située à 500-600 m d’altitude abrite le plus important bassin fluvial du pays, alimentant le Danube et le bassin versant de la mer Noire avec en particulier la rivière Ibar (272 km de longueur du Monténégro à la Serbie) et son affluent la Stinica (90 km, uniquement au Kosovo). Dans la partie sud et à une altitude moins élevée, la plaine de Métochie s’étale entre Peja/Peć (à l’est) et Prizren (au sud). Elle tire son nom des « dépendances monastiques » (metochion en grec) de l’Église orthodoxe serbe implantées dans la région depuis le Moyen Âge. En témoignent aujourd’hui encore les joyaux architecturaux des monastères de Peć et de Dečani. Mais en albanais, elle est nommée « plaine Dukagjini » en l’honneur du héros albanais Lekë Dukagjini qui lutta contre les Ottomans au XVe siècle. Toujours est-il que le bassin fluvial de cette plaine est, lui, tourné vers la mer Adriatique. Il comprend la plus longue rivière du pays, le Drin blanc (136 km) qui alimente ensuite le fleuve Drin en Albanie. Très fertiles, ces deux grandes plaines concentrent l’essentiel des ressources agricoles du pays. Celle de Métochie en particulier bénéficie d’un climat plus doux et d’hivers plus courts qui permettent de meilleures récoltes. Enfin, il faut noter qu’à l’est de Prizren prend sa source la rivière Lepenac (76 km de longueur) qui, elle, appartient au bassin versant de la mer Égée en tant qu’affluent du fleuve Vardar (Macédoine du Nord et Grèce).

Un pays enclavé

Entouré de hautes montagnes, le Kosovo n’est pas toujours facile d’accès par voie terrestre. Une position aggravée par sa situation politique, puisqu’il n’est reconnu ni par l’Onu, ni par l’UE, ni par son voisin la Serbie. Il est par ailleurs cerné par quatre pays qui ne font pas partie de l’UE et dont l’accès a été fréquemment restreint depuis la crise de la Covid-19. Si l’entente est bonne avec le Monténégro, les Alpes albanaises (ou monts Maudits) constituent un obstacle quasi infranchissable. À tel point qu’il n’existe qu’un seul point de passage officiel entre les deux pays : Kula/Kulina (25 km au nord-est de Peja/Peć). Avec la Serbie, l’obstacle est avant tout diplomatique. Sur les 380 km de frontière commune, on trouve six points de passages créés grâce à l’intervention de l’UE en 2011, dont le plus important, Merdara (35 km au nord de Pristina), sera bientôt desservi par l’autoroute Niš-Pristina (voie européenne E80). Mais ces six postes-frontière sont fréquemment fermés en cas de crise avec Belgrade. On compte aussi six postes-frontière au sud-ouest avec le « pays frère », l’Albanie. Toutefois, du fait du relief tourmenté des Alpes albanaises et du mauvais réseau routier en Albanie, la plupart sont difficiles d’accès, perchés sur des cols fermés en hiver et l’un d’entre eux est réservé aux piétons. Seul le poste de Vërmica/Morina (19 km au sud-ouest de Prizren) est fiable, puisqu’il se trouve à la jonction des autoroutes Durrës-Kukës (Albanie) et Prizren-Pristina (Kosovo). C’est finalement avec la Macédoine du Nord que les liaisons sont les plus faciles grâce à la rivière Lepenac qui, en se dirigeant vers la mer Égée, effectue une percée dans les monts Šar. Ainsi, dans la vallée de Kaçanik/Kačanik (31 km au sud de Ferizaj/Uroševac) se trouvent trois des quatre postes-frontière avec la Macédoine du Nord, ce qui permet de relier Pristina à Skopje par autoroute en moins de 2h tout au long de l’année.

Des frontières qui pourraient changer

Depuis 2018, les autorités de la Serbie et du Kosovo ont entrepris des négociations sous l’égide de l’UE en vue d’un échange de territoires. Si un accord était conclu, la Serbie récupérerait la région Nord-Kosovo (environ 1 000 km² et 48 500 habitants) principalement peuplée de Serbes. Le Kosovo, lui, se verrait céder la région serbe de la vallée de Preševo (environ 725 km² et 75 300 habitants), limitrophe de la pointe orientale du Kosovo et où les Albanais sont majoritaires. Aucun accord n’a encore été signé, car un obstacle de taille demeure : la Serbie refuse de reconnaître l’indépendance du Kosovo. D’autres soucis plus techniques sont aussi à éclaircir, comme celui de la ville de Mitrovica qui se retrouverait divisée entre les deux pays le long de l’Ibar, ou encore celui d’un partage des revenus des mines de Trepča. Malgré les échecs successifs des pourparlers, les négociateurs des deux pays restent ouverts au dialogue. L’échange de territoires n’est sans doute pas pour tout de suite, mais il pourrait finir par avoir lieu un jour. D’autant que l’éventuelle adhésion de la Serbie et du Kosovo à l’UE est conditionnée par une normalisation des relations entre les deux pays. Autre changement de frontière envisagé et celui-là plus radical encore : l’intégration pure et simple du Kosovo à l’Albanie. Depuis les années 2010, c’est un souhait partagé par les leaders et la vaste majorité de l’opinion publique des deux pays. Plusieurs instances communes ont déjà vu le jour, comme en 2021, avec la création symbolique d’une ligue unique pour les meilleurs clubs de basket-ball des deux pays. S’il devait voir le jour, ce nouvel État s’étendrait sur 39 500 km² et compterait près de 5 millions d’habitants. L’UE et les pays voisins (Grèce, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie) s’y opposent fermement, car tous redoutent le projet d’une « Grande Albanie », c’est-à-dire l’union de tous les territoires peuplés par des albanophones au sein d’une même nation. L’intégration du Kosovo à l’Albanie demeure donc peu envisageable à court terme. Mais il n’est pas exclu que les États-Unis soutiennent le dossier. Sachant que ce sont eux qui avaient choisi de favoriser l’indépendance du Kosovo depuis 1999, leur voix sera déterminante pour l’avenir du tracé des frontières des Balkans.