Culture des Maldives

Si la scène culturelle fait ses premiers pas, les Maldives sont une terre ancienne. Carrefour commercial depuis le début de notre ère, l’archipel embrasse les préceptes bouddhistes durant plusieurs siècles. De rares vestiges archéologiques attestent que les premiers occupants, venus du Sri Lanka et de l’Inde du Sud amènent avec eux leurs croyances. Il reste essentiellement de ce pan de l’histoire des îles des traces architecturales et des coutumes, des tonalités dans la musique traditionnelle et la place accordée à la danse.

Dans le domaine de la peinture, on ne peut pas encore parler de tradition picturale maldivienne. Cependant, plusieurs artistes locaux poursuivent leur carrière. Tous autodidactes, ils pratiquent la peinture, le dessin ou diverses expérimentations visuelles. Parmi les plus respectés, Mariyam Shany Ahmed, dite « Manje » travaille à l’aquarelle, à l’acrylique et à l’encre pour questionner le rapport de l’humain à l’environnement ainsi que la féminité, en plus de scènes folkloriques. Ses femmes pensives sont vues dans un environnement typique des Maldives, aux couleurs vives, parmi des créatures marines ou terrestres.

The National Art Gallery of the Maldives, situé au cœur de Malé, demeure l’unique lieu d’exposition officiel. Fondé par le gouvernement en 1999, son objectif est de montrer des artistes maldiviens et internationaux, afin d’entretenir le patrimoine et le patriotisme. Son programme alterne entre photographies, peintures, artisanat et art conceptuel. La collection permanente du musée regroupe quelques artefacts de la période préislamique, mais surtout des objets de la période islamique. En vrac : pièces de monnaie, étoffes, une tête de Bouddha en corail blanc, des panneaux en bois sculptés du XIIIe siècle, ou encore des tapis tissés à la main. Ne pas manquer les sculptures découvertes dans des temples, consacrés au bouddhisme tantrique.

Initiatives privées

Les événements destinés à promouvoir les arts visuels aux Maldives sont d’origine associative ou privée. Les hôtels se placent en première ligne pour multiplier les échanges, notamment par un système de résidences. Les artistes invités viennent enseigner lors d’ateliers et exposer leurs œuvres, apportant ainsi des techniques méconnues sur les îles. Parmi les hôtels défenseurs des arts plastiques, le Joali offre dans un cadre paradisiaque une exposition permanente de 13 œuvres signées d’artistes qui ont composé in situ des œuvres intégrées à l’environnement. Le Sud-Africain Porky Hefer a suspendu une raie manta sur la terrasse d’un des espaces de restauration ; le New-Yorkais Misha Khan a aménagé un stupéfiant jardin de sculptures sous-marines, uniquement accessibles aux plongeurs Les 73 villas de l’hôtel abritent également des objets d’art, dans le plus grand respect de l’environnement. Le Joali clame haut et fort sa volonté de devenir un lieu de résidence artistique à l’année.

Le peintre américain Gregory Burns est l’un des premiers artistes venus en résidence aux Maldives. Il faut dire qu’il trouve dans les fonds marins une source d’inspiration sans cesse renouvelée. Depuis la première au Banyan Tree Maldives en 2007, il est revenu au Shangri-la Resorts (2010) puis au Amilla Fushi (2016-2017). Ses ateliers sur la plage rencontrent un franc succès.

Le Mövenpick Hotels and Resorts préfère collaborer avec des artistes locaux. Ainsi, l’artiste maldivien Hussain Atheek a pu exprimer sa créativité en musique lors d’un atelier visant à faire découvrir l’art abstrait. Autodidacte, Hussain Atheek s’est mis très jeune à la peinture. Désormais, acrylique, pastels et art numérique, Hussain ne recule devant rien. Il intervient dans de nombreux établissements, organise des expositions et coordonne des résidences.  

Dans cet esprit, l’Allemande MadC a été conviée à réaliser six fresques pour le Pullman Hotel, sur l’atoll de Gaafu Alifu. Ses larges peintures idylliques ornent les murs des cabanes blanches sur pilotis. Un art public à admirer les pieds dans l’eau !

Le street artiste Alec Monopoly a pour sa part eu le plaisir de peindre tout un hors-bord au cours une séance publique au W Maldives. Au W, il a collaboré avec le graffeur maldivien Sobah et le Japonais Shiro pour réaliser les fresques du « W The Store ».

On peut débusquer un peu d’art urbain dans les rues de Malé. Le skatepark Raalhugandu a été redécoré par Toxicrew & Ram Miguel. Un festival street art a lieu dans la capitale depuis quelques années, le dernier ayant salué la présence de Mike Makatron.

Associations d’artistes

Depuis 2016, l’ONG Maldivian Artist Community-MAC fait office de plateforme pour soutenir les talents émergents. Elle les accompagne et les aide à se faire connaître en tant qu’artiste. L’association regroupe une cinquantaine d’artistes dont certains ont acquis une certaine renommée.

Plus modeste, l’association Fine Art Maldives partage des objectifs similaires, en s’appuyant sur la passion de chaque artiste impliqué.

Kula Art Studio propose de se former à Kandima. Situés à côté de l’Aroma Art Café, les ateliers donnent sur le lac. Les cours sont dispensés par de jeunes talents maldiviens : le peintre abstrait Ahmed Azmee (Baachy), Maimoona Hussain qui allie la faune, la flore et la calligraphie arabe dans ses toiles ou encore le portraitiste Ahmed Shaffan.

A suivre de près …

Depuis 2010, le festival Hay célèbre la culture maldivienne. Des artistes de tous les domaines y participent : théâtre, littérature, musique, science, art et poésie ! L’événement se termine par des ateliers destinés à la jeunesse.

Unveiling visions, les expositions du MAC mettent à l’honneur une sélection d’artistes visuels, sans limite de genre ni de discipline. Parmi les talents, Mohamed Gailhal a découvert l’art dans un manuel de dessin et pratique à présent l’art digital. Dans un autre style, à seulement 17 ans, Eema a été récompensée pour ses portraits d’un hyperréalisme stupéfiant.

Loin des tendances du marché, les artistes maldiviens apportent des propositions extrêmement diversifiées. Ainsi Striped Coco peint des personnages à l’acrylique et à l’huile sur des panneaux de bois qui sont des réécritures de ses photographies ; Manje pratique un « deviant art ». Leur point commun ? Apporter leur vision du monde sans se préoccuper des influences !