17_part_148481.jpg
17_part_148477.jpg

Organisation sociale

Les Maldiviens se perçoivent comme des gens calmes et pacifiques. L’explorateur tangérois Ibn Battûta les décrivait déjà au XIVe siècle comme des êtres qui « ne connaissent ni les combats, ni la guerre et dont les armes sont la prière ». Au cours de leur histoire, les Maldiviens n’ont offert que peu de résistance aux colonisations étrangères, à l’exception de la guérilla menée contre l’invasion portugaise au XVIe siècle. À titre d’exemple, la police maldivienne n’est pas équipée d’armes létales. Longtemps les Maldiviens ont vécu reclus sur leurs îles, avec des mouvements de population extrêmement limités. Ainsi, dans les petites îles, les propriétaires de dhoni occupent le haut de l’échelle sociale. Avec leur bateau, ils détiennent la clé de l’emploi, du commerce et du transport. Sans eux, l’île resterait isolée du reste de l’archipel. Viennent ensuite le maavadi meeha (le charpentier de marine), le hakeem (médecin), le forgeron et l’artisan bijoutier. En bas de l’échelle sociale, on retrouve le raaveria, le gardien de cocoteraie qui récolte la sève des arbres pour produire du sirop. Les représentants de la communauté musulmane, imams et muezzins, occupent une place à part, respectée de tous les membres de la communauté. Ils sont les garants de la vie spirituelle et les détenteurs du savoir. La famille constitue le socle sociétal. Traditionnellement, c’est le seul espace où homme et femme se côtoient. L’homme est le chef de famille. Il prend toutes les décisions importantes, mange avant femme et enfants et il lui incombe de subvenir aux besoins matériels de sa famille. Les femmes s’occupent du foyer et des enfants. Elles tressent des cordes en fibre de coco qui seront utilisées sur les dhonis. Les filles aident leurs mères à tenir la maison dès l’âge de 6 ans, tandis que les garçons profitent d’une plus grande liberté jusqu’à 12 ans. Ils partent alors à la pêche avec leurs pères. Dans cette république islamiste, seul le mariage religieux est reconnu. Il est prononcé par le cadi, en présence du marié, de son père, du père de la mariée et de deux témoins. La présence de la mariée n’est qu’optionnelle. Aux Maldives, la célébration du mariage ne donne que rarement l’occasion d’une fête, à part dans les cercles les plus fortunés. Un homme peut épouser jusqu’à 4 femmes, mais il en épouse rarement plus de 2, car il doit subvenir à leurs besoins et leur offrir une maison à chacune. Le concubinage étant strictement interdit, le mariage est devenu une formalité quelconque pour s’autoriser une liaison. Les Maldives détiennent le taux de divorce le plus élevé au monde, avec près de 11 divorces pour 1 000 habitants par an. À 30 ans, 50 % des femmes maldiviennes ont déjà été mariées 4 fois. Afin de limiter la casse, le gouvernement maldivien a mis fin à la coutume du thalaaq. Il suffisait à l’homme de prononcer ce mot une seule fois et d’en informer le cadi pour répudier sa femme. Depuis 2000, hommes et femmes ont les mêmes droits en matière de divorce. Ils doivent passer devant une cour, qui tentera la réconciliation et ne prononcera le divorce que si celle-ci est impossible. Malgré l’interdiction des relations sexuelles hors mariage, il semble que la réalité soit plus nuancée. En revanche, mieux vaut ne pas se faire prendre. La charia, la loi islamique, prévoit l’exil pour les hommes et un emprisonnement à domicile de plusieurs mois pour les femmes. Si un enfant illégitime vient à naître, la femme reçoit 100 coups de bâton et son emprisonnement est porté à 3 ans. L’homme n’est puni de coups de bâton et d’exil que s’il reconnaît les faits.

Éducation

Obligatoire depuis 1968, la scolarisation a porté le taux d’alphabétisation des Maldiviens à 98 %. Chaque île comprend une école publique qui garantit un enseignement jusqu’à la fin du collège. Pour le lycée, il faut se rendre sur l’île principale de l’atoll, ce qui représente souvent un sacrifice pour les familles les moins aisées, l’enseignement étant payant aux Maldives. En complément, les Maldiviens intègrent une école coranique pour y apprendre le Coran et la lecture de l’arabe dès leur plus jeune âge. Il s’agit exclusivement d’exercices de récitation et de mémoire, car les Maldiviens ne parlent pas l’arabe. L’anglais a intégré le socle d’enseignement de l’école publique dès 1960. On attend des petits Maldiviens qu’ils puissent s’exprimer indifféremment en divehi ou en anglais dès l’âge de 7 ans. En raison de l’explosion démographique, les Maldiviens se rendent à l’école par demi-journées, afin d’assurer un roulement des salles. Il n‘existe qu’une seule université dans le pays, installée à Malé. Celle-ci a ouvert ses portes en 2011 et dispense un enseignement supérieur orienté vers les besoins du pays : éducation, santé, tourisme, IT, ingénierie civile, droit, commerce, journalisme, divehi et anglais. Les cursus ne dépassent pas le niveau Master. De fait, les enfants de familles aisées partent faire leurs études à l’étranger, au Sri Lanka, en Inde, en Égypte, en Australie ou encore en Europe.

Habitat

Les Maldiviens ne possèdent pas de terre. Celles-ci appartiennent exclusivement à l’État. Néanmoins, chaque Maldivien a le droit de bâtir une maison sur l’île où il est né ou sur l’île où il vit depuis plus de 6 ans. Les parcelles de 15 x 30 mètres sont attribuées gratuitement et les maisons peuvent être transmises par voie de succession. Les maisons les plus anciennes se reconnaissent à leurs murs bâtis en corail concassé. Cette technique est désormais interdite et les maisons sont construites en briques de béton. Les toits de palme ont été remplacés par de la tôle ondulée ou de la tuile importée. Ne comprenant que peu d’ouvertures, les maisons sont souvent sombres et meublées de façon rudimentaires. Quelques hamacs et bancs qui servent aussi de lit, un udhoali, cette balançoire suspendue devant la maison ou dans la cour composent l’essentiel. Les familles les plus riches possèdent un dhoni, le bateau traditionnel maldivien qui permet de partir à la pêche. Il est construit de tête par le charpentier local qui reproduit à l’infini un modèle vieux comme le monde. Seuls les matériaux ont quelque peu évolué. Le bois d’importation a remplacé le cocotier pour la fabrication de la coque. La motorisation a remplacé la voile de coton dans les années 1980.